Glyphosate: une étude confirme sa présence dans l’urine des Français

Glyphosate: une étude confirme sa présence  dans l’urine des Français

Glyphosate: une étude confirme la présence de l’herbicide dans l’urine des Français

99,8% des 6 795 échantillons d’urines analysés sont contaminés au glyphosate, ce pesticide controversé. Bien que sa dangerosité soit encore un sujet de discorde parmi les scientifiques, cette énième étude fait désordre.
Libération
 

Le glyphosate fait encore parler de lui. Le pesticide le plus utilisé dans le monde, et particulièrement en France, est au centre d’une nouvelle recherche. L’étude publiée mercredi dans la revue Environmental Science and Pollution Research et menée sur 6 848 personnes partout en France métropolitaine et à la Réunion est sans équivoque : la quasi-totalité des urines analysées sont contaminées au glyphosate.

Les candidats aux tests, réalisés entre 2018 et 2020, ont été recrutés par l’association «Campagne Glyphosate», qui milite contre ce désherbant classé «cancérogène probable» en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, un organisme dépendant de l’Organisation mondiale de la santé. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et leurs homologues partout dans le monde, eux, catégorisent le glyphosate comme non cancérogène.

 

Pour cette nouvelle étude, l’objectif est clair. Plus que de déterminer si oui ou non glyphosate il y a dans nos urines, il s’agit surtout de «quantifier les taux de glyphosate dans la population générale française et de rechercher une éventuelle association de ces taux avec les saisons, les caractéristiques biologiques des participants, leur mode de vie, habitudes alimentaires et profession».

99,8% des urines contaminées

Bilan : le désherbant a été détecté dans 99,8% des 6 795 échantillons exploitables, à «un niveau moyen de 1,19 µg /L». Un résultat à mettre en parallèle avec les recommandations de l’Anses : des quantités de glyphosate de l’ordre de 1 µg /L dans les urines correspondent à une exposition inférieure à 1% de la dose journalière admissible. Malgré tout, la contamination quasi-systématique des urines françaises reste problématique en soi.

Analysées dans le laboratoire allemand Biocheck, les urines ont été prélevées sous contrôle d’huissier en vue d’une campagne de plaintes en justice contre l’herbicide. Controversée, la méthode utilisée par Biocheck, ELISA (pour dosage d’immunoabsorption par enzyme liée, en français) s’est trouvée au cœur d’une bataille de tests ces dernières années. Celle-ci a en effet une limite de détection plus basse que la chromatographie, l’autre technique de détection du glyphosate dans les urines, mais ne permet pas d’affirmer la dangerosité de l’exposition au pesticide.

De plus, selon le protocole mis en place par les différents laboratoires, les «valeurs minimales et maximales de concentration en glyphosate pouvant être détectées varient», comme l’explique la société Abraxis, qui a mis au point la méthode ELISA. Bref, il est difficile de statuer sur les résultats, qui dépendent d’un grand nombre de facteurs, comme l’explique notre article de CheckNews sur la question.

Tout du moins, les auteurs de cette dernière étude relèvent que les échantillons prélevés au printemps et en été, saison des traitements phytosanitaires, présentent des «niveaux significativement plus élevés» qu’en d’autres saisons. De même, les urines des agriculteurs qui travaillent dans un environnement viticole sont particulièrement contaminées.

Parmi les plus exposés selon l’étude : les hommes et les participants les plus jeunes, les personnes consommant régulièrement de l’eau du robinet ou de source, les fumeurs, les consommateurs de bière ou de jus de fruits. A contrario, ceux qui déclarent manger «plus de 85% d’aliments bio» présentent des niveaux inférieurs.

Par ailleurs, les auteurs soulignent que leur panel de volontaires n’est pas représentatif de la population générale, parce que plus âgé, plus féminin et surreprésentant sans doute les «citoyens sensibilisés aux enjeux des pesticides et à un mode de vie sain». Malgré tout, l’ampleur de l’échantillonnage rend l’analyse pertinente, d’autant que les «résultats confirment la quasi-totalité des autres études internationales», tout en se situant «plutôt dans la partie haute» des niveaux trouvés, relève Denis Lairon, directeur de recherche émérite à l’Inserm et un des auteurs de l’étude.

5 800 plaintes en justice

La campagne de prélèvements s’est accompagnée de plus de 5 800 plaintes individuelles par les participants sur la base des résultats positifs, notamment pour «mise en danger de la vie d’autrui», regroupées au pôle santé publique du tribunal de Paris, selon «Campagne glyphosate». De son côté, l’avocat accompagnant le collectif, Guillaume Tumerelle, se félicite de cette analyse extérieure par des scientifiques qui «vient faire avancer le dossier».

En France, l’Assemblée nationale a rejeté des amendements déposés lors de l’examen de la loi agriculture et alimentation qui visaient à interdire le glyphosate après 2021. Emmanuel Macron s’était engagé en novembre 2017 à mettre en œuvre l’interdiction du glyphosate «au plus tard dans trois ans». Il a reconnu avoir échoué, tout en plaidant un échec «collectif».

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